Je m’appelle Karima. Je suis la benjamine d’une famille de 9 enfants. Je suis passionnée de voyages et je voyage malgré mon handicap. Je vous raconte tout…

Avant tout, ma petite histoire…

À ma naissance, j’ai été diagnostiquée avec une maladie neuro-musculaire congénitale non évolutive, l’arthrogrypose, un nom barbare qui semblait me condamner à perpétuité à une vie en chaise roulante. Cette maladie se caractérise par la raideur et une amplitude de mouvement limitée touchant les articulations. Dans mon cas, mes bras et mon pied gauche sont atteints. Même aujourd’hui, je n’ai pas assez de force pour lever mes bras, et j’utilise essentiellement ma main gauche au quotidien.

Alors que j’étais encore bébé, les médecins ont prédit que je ne marcherais jamais.

Ce jour là, le monde s’est effondré sous les pieds de mes parents. Je suis resté hospitalisée pendant plus d’un an, une décision qui était indépendante de leur volonté. Très tôt, j’ai été prise en charge par une armée de professeurs, de kinésithérapeutes, d’ergothérapeutes qui ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour me permettre d’être le plus autonome possible à l’âge adulte, à l’aide d’opérations, d’exercices de rééducation, d’attelles, sans oublier la série de plâtres et d’appareillages… Mes parents m’avaient acheté un trotteur pour m’aider à marcher lorsqu’ils avaient l’autorisation de m’amener à la maison les week-ends et pendant les vacances. J’avais 15 mois lorsqu’un jour j’étais avec ma famille et que par je ne sais quel miracle – et par la volonté de dieu –  j’ai réussi pour la première fois à marcher sans avoir besoin aide. La joie que ça a créé autour de moi était indescriptible. Peu de temps après, l’équipe médicale prit la décision de me rendre à mes parents, et je quittais enfin définitivement l’hôpital.

Mes parents, épaulés par mes frères et sœurs, ont tout mis en œuvre pour que je grandisse épanouie et sans complexes malgré mon handicap et les visites fréquentes à l’hôpital. Mes frères et sœurs m’emmenaient partout avec eux. À 6 ans, ils m’avaient appris à nager, à faire du vélo. Mes parents m’avaient inscrite à toutes sortes d’activités qui m’ont aidé à m’épanouir : arts plastique, programmation informatique, équitation, tir à l’arc, kayak, escalade, ski… Rien ne me semblait impossible. Dans tout ce que j’entreprenais, j’avais la chance de tomber sur des personnes qui me faisaient sentir que j’étais une enfant normale. Ils adaptaient toujours l’activité de manière à ce que je puisse participer, à ma façon. Encore aujourd’hui, les gens que je rencontre sont très avenants et me proposent souvent leur aide. L’environnement dans lequel j’ai évolué m’a encouragé à avoir confiance en moi. Grâce à ma famille et à tout mon entourage, j’ai pu développer d’autres facultés avec lesquelles j’ai dompté mon handicap, cet handicap qui à la fois me gênait et nourrissait cette envie incessante de me surpasser.

Au fil du temps, j’ai appris à me débrouiller seule dans mon quotidien en trouvant des solutions à mes limitations : comment m’habiller et me préparer le matin, comment me préparer un repas… Mon handicap est devenu ma force.

Mon principal objectif dans la vie a toujours été de ne plus être dépendante des autres, de gagner mon autonomie pour pouvoir réaliser mes rêves… et des rêves j’en ai à la pelle. Avec le temps, j’ai appris qu’avec beaucoup de courage et de volonté, on peut faire des choses incroyables !

Le voyage : ma grande passion

Les voyages font partie intégrante de ma vie depuis ma plus tendre enfance. Mes parents aiment beaucoup voyager. Mes meilleurs souvenirs d’enfance étaient lorsqu’on prenait la route en famille dans notre mini van pour rendre visite à notre famille et nos amis à travers l’Europe et le Maroc – la découverte de nouveaux horizons et d’autres cultures ouvrent l’esprit et permet aussi de grandir avec humilité. Aujourd’hui je suis quasi autonome et je croque la vie à pleines dents.

Mes voyages les plus mémorables ont été en Guadeloupe, à New York, et en Turquie. L’Europe est souvent mon terrain de jeu. Je prend un malin plaisir à aller découvrir les villes du vieux continent le temps d’un weekend.

Je voyage régulièrement accompagnée, mais je me sens désormais prête à voyager seule.

Handicap et voyage ne sont pas incompatibles

Beaucoup de personnes pensent que voyager n’est pas accessible aux personnes handicapées ou à mobilité réduite (PMR), ou que de voyager avec eux est compliqué. J’ai moi même été étonnée du nombre de globetrotteurs qui sillonnent le monde malgré leur handicap. Chaque année, le nombre de voyageurs à mobilité réduite augmente considérablement, d’autant plus que dernièrement, pas mal de services sont mis en place pour faciliter le voyage des personnes handicapées/PMR. De grandes voyageuses comme Audrey du blog Roulettes et sac à dos m’ont inspiré à prendre mon courage à deux mains et à commencer à voyager seule.

Voyager avec un handicap : le guide pratico-pratique

Voyager avec un handicap nécessite de tout planifier à l’avance dans le moindre détail : avions, taxis accessibles, hôtels (également accessibles). Bien entendu, chaque handicap est unique est présente sont lot de difficultés. Dans mon cas, j’ai besoin d’aide pour couper des aliments, porter un plateau, des sacs et des bagages lourds. J’ai de la difficulté à faire des gestes minutieux avec mes mains et à lever les bras. Je peux marcher mais je ne peux pas faire de longs trajets au risque de me fatiguer. Tout ça bien sûr ne m’empêche pas de voyager car j’ai beaucoup d’imagination et surtout car j’ai appris à bien me préparer.

Voici quelques conseils et astuces à prendre en considération pour préparer son voyage pour les voyageurs avec un handicap ou avec une mobilité réduite.

Voyager en avion avec un handicap

La plupart des compagnies aériennes sont munit d’un service d’assistance gratuite pour les PMR. Avant de réserver vos billets, renseigner vous sur le service d’accompagnement mis en place pour les personnes handicapées / PMR. Il faut réserver ce service au préalable au plus tard 48h avant votre voyage. Ils vous prendront en charge dès l’enregistrement – vous serez prioritaire, ainsi que votre accompagnateur si vous en avez un – et ce tout au long du voyage, jusqu’à votre destination. Ce service est accessible également aux personnes âgées ou ayant des difficultés pour se déplacer, sur simple demande au moment de la réservation en ligne ou en contactant le service en question.

Pensez également à vous informer sur les aéroports/gares de départ et d’arrivée et sur les règles de la compagnie : disposent-t-ils d’un service d’assistance ? Sont-ils équipés pour charger/décharger mon fauteuil de la soute ? Dois-je voyager accompagné ? Ai-je besoin de demander des autorisations médicales ? etc.

Accessibilité dans les taxis et transports en commun

N’oubliez pas également de vous renseigner sur l’accessibilité des taxis et des transports en commun des pays que vous comptez visiter. Vous retrouverez quelques liens pratiques à la fin de cet article. 

Voyager en train avec un handicap

Le voyage en train pour les personnes à mobilité réduite est malheureusement accessible essentiellement dans les pays occidentaux. il faut donc encore penser à se renseigner sur l’accessibilité des trains avant de faire les réservations. Bien souvent, les compagnies de transport proposent des solutions d’accompagnement pour faciliter les déplacements pour les voyageurs avec un handicap.

Accessibilité dans les hôtels, les restaurants, les toilettes publiques…

Les infrastructures varient énormément selon les pays. Souvent, dans la plupart des pays occidentaux, il existe des guides recensant les hôtels, restaurants, toilettes publiques et parfois musées dont l’accès a été étudié pour les personnes ayant un handicap. De nombreux hôtels sont aménagés de façon à ce qu’ils soient accessibles aux personnes à mobilité réduite. Malheureusement, les options accessibles aux handicapés ne sont souvent pas les moins chers.

La carte d’invalidité : un must à avoir

La grande majorité des personnes handicapées sont en possession d’une carte d’invalidité. Cette carte sera votre sésame. Elle offre l’accès à de nombreux avantages en fonction du lieu où vous vous trouvez : accès prioritaire à plusieurs attractions touristiques (fini les longues files d’attente), des réductions ou gratuités (transports en commun, parking ou expos/musées) pour vous et un accompagnateur… J’utilise ma carte d’invalidité pour découvrir un tas de trucs sympas, comme quoi l’handicap peut aussi avoir quelques avantages. Avant une sortie/visite, informez vous sur les tarifs, vous serez surpris du nombre de choses à faire gratuitement grâce à cette carte d’invalidité, que ce soit dans votre ville où pendant vos voyages.

Votre dossier médical à portée de main

  • Pensez à toujours avoir sur vous un papier (en anglais et en français) indiquant vos contre-indications médicales (pas tellement le nom des médicaments, mais plutôt les composants chimiques).
  • Si vous êtes atteint d’infirmité motrice cérébrale, pensez à avoir une feuille sur laquelle est indiquée votre destination et un plan de la ville.
  • Prenez une assurance médicale de voyage et gardez sur vous l’adresse de l’hôpital où vous désirez être rapatrié en cas d’incident majeur.
  • Pensez à contacter le consulat ou l’ambassade en cas de problème.

Voyager avec un fauteuil roulant : quelques réflexes à prendre

Afin d’anticiper les pépins avec votre fauteuil roulant, pensez aux raccords, ceux de bicyclette pour regonfler les pneus des grandes roues, et ceux de motos les petites roues. Pensez également aux rustines, à la pompe, à la trousse à outils. Apportez aussi une chambre à air de secours pour petite roue, bien difficile à trouver à l’étranger. Sachez que pour remplacer les petits pneus gonflables, il existe des pneus pleins de même grosseur, qui ont l’avantage de ne pas crever et d’être tout terrain. En cas d’incident mécanique, au lieu de chercher désespérément un réparateur de fauteuil roulant, pourquoi ne pas aller chez un garagiste ou un réparateur de bicyclettes ? Ils sont capables d’effectuer la plupart des réparations nécessaires.

J’espère de tout coeur que mon partage d’expérience vous inspirera et vous aidera à trouver la force et le courage pour réaliser vos rêves quelque soit votre handicap.

Love & Adventure !

Karima

Je suis diabétique et je voyage sans problèmes

Que mettre dans sa trousse de médicaments?

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